La Trajectoire D’impact Codéterminée

L’Unité de mobilisation des connaissances de York produit régulièrement des articles scientifiques sur différents aspects de la mise en application du savoir universitaire. Sa publication la plus récente décrit un itinéraire permettant de passer de la recherche à l’impact, au moyen d’une démarche que les organismes de recherche peuvent employer pour superviser la progression de leurs projets vers l’impact souhaité.

Quand il est question d’impact de la recherche, on s’appuie essentiellement sur quelques grands modèles dont le modèle de récupération (Payback Model) et le cycle de la connaissance à l’action (Knowledge to Action Cycle). Par exemple, l’Académie canadienne des sciences de la santé (ACSS) s’est appuyée sur le modèle de récupération pour élaborer son Cadre d’évaluation de l’impact de la recherche, qui s’appuie lui-même sur un autre cadre, le Cadre d’évaluation de l’impact de l’Alberta Innovates Health Solutions (AIHS). Puisque le modèle du cycle de la connaissance à l’action n’a pas été conçu pour décrire les actions d’une seule organisation, il n’est pas adapté pour suivre les progrès de l’impact au sein d’une organisation. Le modèle de récupération (tout comme les cadres de l’ACSS et de l’AIHS) établit une distinction entre la recherche (au début) et l’impact (à la fin) et ne tient pas compte de la collaboration tout au long de la recherche, ce qui, nous le savons, est pourtant un élément essentiel de la médiation de l’impact. Dans ce modèle de recherche, on ne donne pas de rôle explicite aux bénéficiaires du processus (c’est-à-dire les patient.e.s).

Le modèle de coproduction de l’impact (co-produced pathway to impact) permet de remédier à certaines de ces limitations. Ce modèle reprend les éléments du modèle en cinq étapes de l’ACSS/AIHS, tout en intégrant la collaboration à chacune des étapes. Il permet aussi de dégager, à chacune des étapes, des avantages, qui orientent la prise de décisions par rapport à des indicateurs spécifiques. On utilise ce modèle comme on utilise les modèles d’impacts politiques, commerciaux et pratiques, mais en intégrant toujours les utilisateur.rice.s finaux (« citoyen.ne.s servi.e.s » = patient.e, consommateur.rice, public) à la phase d’impact. On engage ainsi les utilisateur.rice.s en amont dans la conception de la phase de recherche par le biais de la rétroaction de l’impact à la recherche.

CPPI from JCES

Mais ce n’est pas tout. Il y a une autre contribution encore plus importante de ce modèle. Observez la flèche qui pointe vers l’impact. L’impact dépend des partenaires non universitaires et non des universitaires. Les chercheur.se.s ne fabriquent pas de produits; les partenaires commerciaux, si. Les chercheur.se.s n’élaborent pas de politiques publiques; les partenaires gouvernementaux, si. Les chercheur.se.s ne fournissent généralement pas de services sociaux; les partenaires communautaires, si. En fait, ce sont les partenaires non universitaires qui utilisent les résultats de la recherche pour élaborer des produits, des politiques et des services qui ont ensuite un impact sur la vie des bénéficiaires finaux. Par conséquent, pour avoir un impact tangible, la recherche doit partir des partenaires non universitaires.

Dans un article publié dans Journal of Community Engagement & Scholarship, on décrit le modèle de coproduction de l’impact et on l’illustre par des projets concrets de coproduction entrepris par le réseau de mobilisation des connaissances sur la prévention de l’intimidation PREVNet. C’est cet élément de coproduction de l’impact, tout au long du continuum de la recherche, qui différencie le modèle de coproduction de l’impact de tous les autres modèles qui établissent pour leur part une distinction entre la recherche et l’impact.

Outre PREVNet, d’autres grands réseaux ont utilisé le modèle de coproduction de l’impact, notamment NeuroDevNet et AllerGen. Il s’agit certes d’un modèle parmi d’autres, mais il présente l’avantage de pouvoir être adapté et précisé selon les parties prenantes, les partenaires, le type de recherche et les activités de chaque projet, soit tout autant d’éléments qui orientent le choix des indicateurs uniques pour suivre les progrès de la recherche jusqu’à l’impact. Grâce à cette nouvelle cartographie de la recherche à l’impact pour vous guider, vous pouvez désormais entreprendre sereinement votre propre parcours (avec vos partenaires universitaires et non universitaires). Voici la référence complète de l’article :

Phipps, D.J., Cummings, J. Pepler, D., Craig, W. and Cardinal, S. (2016) The Co-Produced Pathway to Impact describes Knowledge Mobilization Processes. J. Community Engagement and Scholarship, 9(1): 31–40.