INTÉGRER L’IMPACT SUR LA SOCIÉTÉ DANS LES DEMANDES DE SUBVENTION

À la suite de sa présentation à la conférence annuelle 2022 de la Society for Research Administrators International, on a demandé à David Phipps d’écrire un article sur l’intégration de l’impact sur la société dans les demandes de subvention. L’article est accessible sur le site de la Societé.

Plantons le décor. Le Caesars Palace. La salle Pompéi. Il est 11 h, le 4 novembre 2022, et nous sommes à la conférence de l’ASRAI. La salle est comble et le public vient véritablement de partout, des États-Unis au Canada, en passant par la France, le Nigeria, le Kenya, le Brésil, le Danemark et le Qatar. C’est dans ce cadre impressionnant que j’ai donné une conférence sur les stratégies d’impact dans les demandes de subvention. 

Depuis 2006, l’Université York (Toronto, Canada) dispose d’une Unité de mobilisation des connaissances dont l’un des rôles est de soutenir les chercheur.se.s dans l’intégration de la stratégie d’impact dans leurs demandes de subvention. Pour ce faire, l’Unité propose des outils et des formations pour aider les chercheur.se.s à intégrer cet aspect dans leurs demandes de subventions traditionnelles. En tant qu’équipe, l’Unité investit aussi beaucoup de temps dans la rédaction de demandes de subventions d’envergure de plusieurs millions de dollars. Fort de plusieurs années d’expérience à affiner son approche auprès des chercheur.se.s de l’Université York, de même que du Réseau pour la santé du cerveau des enfants, l’Unité a rédigé un article sur ses pratiques qui a été publié dans le Journal of Research Administration en 2016 (1). 

Mais soyons bien clairs, il est question d’impact sur la société, c’est-à-dire l’impact que la recherche peut avoir au-delà de l’université (sur les politiques publiques, les pratiques professionnelles, les services sociaux). L’impact scientifique (par les revues scientifiques, les livres, les actes de conférence) est certes important, mais ce n’est pas le genre d’impact que soutient l’Unité. Pour comparer, c’est comme si on prenait les critères en matière de grands impacts de la National Science Foundation, pour les transposer à d’autres organismes subventionnaires et à d’autres disciplines. 

Lors de la conférence 2022 de la SRAI, j’ai présenté un outil qui rassemble tous les éléments d’une bonne stratégie d’impact. Cet outil aide ainsi les chercheur.se.s à rédiger leur stratégie d’impact en une ou deux pages et à l’intégrer à la section prévue à cette fin, le cas échéant, dans leur proposition de recherche. Cet outil permet également aux administrateur.rice.s de subventions de s’assurer que les éléments d’une stratégie d’impact sont présents et bien décrits. 

La clé de toute stratégie d’impact sur la société réside dans le type de personnes visées par tout le continuum du projet de recherche, soit avant, pendant et après la recherche. Dans certains formulaires, on demande aux chercheur.se.s de préciser leurs partenaires, mais il faut savoir qu’il y a plusieurs types de « partenaires ». Différents « partenaires » jouent des rôles différents dans la recherche et, se faisant, les chercheur.se.s les mobilisent différemment.

  • Il y a d’abord les parties prenantes qui sont les personnes et les organisations qui ont un intérêt pour le projet de recherche, sans pour autant qu’elles ne soient directement sollicitées. Ce sont les personnes que les chercheur.se.s consultent pour comprendre pourquoi d’autres personnes considèrent que le sujet est important. Les chercheur.se.s écoutent les parties prenantes.
  • Il y a aussi le public (ou audience) qui est composé des personnes et des organisations qui souhaitent recevoir les résultats de la recherche. Les chercheur.se.s diffusent les résultats auprès du public.
  • Enfin, mentionnons les partenaires de coproduction qui sont les personnes et les organisations qui participent à la recherche. Les chercheur.se.s travaillent ou collaborent avec des partenaires de coproduction. 

Lorsque le bailleur de fonds précise l’importance de l’impact sur la société dans les critères, je recommande aux chercheurs.se.s de déterminer d’abord qui sont ses « partenaires » de manière à ce que la stratégie d’impact soit significative aussi bien pour eux (les chercheur.se.s) que pour ces partenaires. Trop souvent, les chercheur.se.s pensent connaître les besoins des autres, mais sans avoir véritablement validé leurs présomptions auprès de ces derniers. 

Pour en savoir plus, consultez les diapositives de la présentation, ainsi que l’outil pour une stratégie d’impact. Vous trouverez aussi d’autres outils et webinaires sur diverses formes de mobilisation des connaissances et d’impact sur la société dans la section ressources du site du RIRC. Pour plus d’information sur le renforcement des capacités institutionnelles, n’hésitez pas à communiquer avec le réseau à info@researchimpact.ca. Enfin, pour comprendre la perspective américaine, consultez les ressources du groupe Advancing Research Impact for Society (University of Missouri), y compris son outil Broader Impact Wizard

(1) Phipps, D.J., Jensen, K.E., Johnny, M., Poetz, A. (2016) Supporting knowledge mobilization and research impact strategies in grant applications. Journal of Research Administration. 47(2):49-67 https://eric.ed.gov/?id=EJ1152268(opens in a new tab)