17 ans entre la recherche et l’impact – cela est-il vrai ?

Par David Phipps (Université York; @mobilemobilizer)

On dit souvent qu’il faut en moyenne 17 ans pour que la recherche en santé se transforme en une pratique clinique nouvelle ou améliorée. Cela est-il vrai ? Et que se passe-t-il dans d’autres disciplines ?

Morris, Wooding et Grant[1] ont examiné la littérature sur les délais entre la recherche et son utilisation dans la pratique clinique et les interventions en santé. Leur article portait davantage sur les questions spécifiques qui ont été posées aux estimations précédentes, plutôt que sur les estimations elles-mêmes, mais en général, oui, cela prend des années selon la question posée.

Mais que dire des autres disciplines ?

C’est là que les données récentes de l’exercice d’évaluation de la recherche (EER) 2020 de Hong Kong peuvent être utiles. L’EER a produit 264 études de cas sur l’impact de la recherche qui ont été examinées par des groupes d’expert·e·s et ont reçu une note de 3* (excellent au niveau international) ou 4* (leader mondial). Ces 264 études ont ensuite été analysées par Vertigo Ventures[2] pour :

  1. Quels types de résultats d’impact ont été présentés, et quelles voies ont été empruntées ?
  2. Quels sont les délais entre la recherche sous-jacente et les résultats d’impact illustrés dans les études de cas d’impact ?
  3. Quelles données quantitatives (pour les intrants et/ou les résultats) peuvent être extraites et synthétisées des études d’impact, par exemple les recettes de commercialisation, le nombre de visiteur·euse·s ?
  4. Selon les études de cas d’impact, quels types d’utilisateur·rice·s de la recherche bénéficient de la recherche, et dans quelle mesure ?

Il y a une énorme quantité de bonnes données dans toutes ces sections, mais celle qui m’intéresse est la n°2 sur les décalages temporels, car elle présente des données provenant de l’ensemble des 41 unités d’évaluation (Ud’É), qui englobent les arts créatifs, les sciences humaines, les sciences sociales, les sciences de la santé, les sciences de l’environnement et l’ingénierie, ainsi que des données inhabituelles pour ceux d’entre nous qui connaissent le cadre d’excellence de la recherche (CER) du Royaume-Uni. Des disciplines telles que la gestion hôtelière et le tourisme, la langue et la littérature chinoises ainsi que la médecine chinoise (nous sommes à Hong Kong après tout) sont de nouvelles Ud’É pour moi.

Les données intéressantes sur les décalages temporels commencent à la page 67.

Extrait du rapport (parce qu’ils le disent mieux que je ne le pourrais)

  • « Pour les fourchettes moyennes, les Ud’É qui ont pris le plus de temps pour que les recherches développées aient des impacts dans la fenêtre de temps autorisée sont, par ordre décroissant, l’Ud’É 4 (dentisterie clinique, 19 ans), l’Ud’É 36 (philosophie, 16,5 ans), l’Ud’É 1 (sciences biologiques, 15,4 ans) et l’Ud’É 37 (études religieuses, 15,33 ans). Cela indique que les chercheur·euse·s dont les recherches relèvent de ces unités peuvent s’attendre à disposer d’au moins 15 ans pour élaborer des études de cas d’impact susceptibles d’atteindre la qualité 4* et 3*. »
  • « Pour les fourchettes moyennes, les Ud’É qui ont pris le moins de temps pour que les recherches développées réalisent des impacts 4* et 3* comprennent l’Ud’É 18 (planification et arpentage, 7 ans), l’Ud’É 38 (arts visuels, 7,28 ans) et les unités d’évaluation (communications et médias, 7,6 ans). Cela indique que les études de cas d’impact dans ces Ud’É prennent en moyenne 7 ans pour atteindre la qualité 4* et 3* pour la période pendant laquelle l’activité d’impact pourrait être revendiquée. »

Tout le reste se situe au milieu et est détaillé dans le rapport.

C’est la première analyse que je vois des délais entre la recherche et l’impact dans des disciplines autres que la santé. Et spécifiquement dans la santé, l’Ud’É.

Ud’É n°3 (médecine clinique) : décalage = 12,23 ans

Ud’É n°4 (dentisterie clinique) : décalage = 19 ans

Ud’É n°5 (soins infirmiers, réadaptation, etc.) : décalage = 13,86 ans

Ud’É n°6 (médecine chinoise) : décalage = 11 ans

Il faut en moyenne 14 ans pour que la recherche sur la santé ait un impact sur les interventions sanitaires. C’est presque ça, mais pas tout à fait 17 ans.

Lisez la suite du rapport pour obtenir des données intéressantes sur les bénéficiaires de la recherche à Hong Kong.


[1] Morris ZS, Wooding S, Grant J. The answer is 17 years, what is the question: understanding time lags in translational research. J R Soc Med. 2011 Dec;104(12):510-20. doi: 10.1258/jrsm.2011.110180.

[2] Vertigo Ventures (2022) RAE 2020 Research Analysis. https://8102620.fs1.hubspotusercontent-na1.net/hubfs/8102620/Campaigns/2022%20RAE%20Report/RAE%202020%20Research%20Analysis.pdf