La mdc dans le Grand Nord canadien : portrait du projet ArcticNet

Par Louis Melançon, Assistant de recherche pour le Réseau Impact Recherche Canada

La région du Grand Nord canadien traverse une période de vastes transformations. Les changements climatiques, l’industrialisation et la modernisation affectent profondément les gens qui y vivent, les ressources qui s’y trouvent et les écosystèmes en place. ArcticNet est un réseau de centres d’excellence du Canada qui réunit experts scientifiques, ingénieurs, organismes gouvernementaux et partenaires des communautés nordiques pour étudier les impacts de ces changements et permettre aux gouvernements de mieux y faire face dans les années à venir.

Depuis sa création en 2004, ArcticNet a investi 146 millions de dollars dans près de deux cents projets, employant plus de 350 chercheurs. Dans l’année 2020-21 seulement, l’organisme a financé 33 projets liés à 35 universités canadiennes et 173 chercheurs issus de 15 pays. ArcticNet finance des projets de recherche dans le nord du Manitoba, le nord du Yukon et les quatre régions inuites du Canada, dans cinq domaines de recherche :

  • Les systèmes marins
  • Les systèmes terrestres
  • La santé, l’éducation et l’adaptation des Inuit
  • L’industrialisation et les politiques du Nord
  • Le transfert de connaissances

L’année 2020 a aussi vu la création du programme North-by-North, où pour la première fois au monde des Inuits dirigent et mènent leur propre programme de recherche, sur des sujets importants pour leurs communautés. Onze projets totalisant 1,6 million de dollars ont été approuvés pour cette première année, regroupant 52 chercheurs et chercheuses. Le programme North-by-North est complémenté par le programme des Chefs de file de la recherche nordique, qui vise à renforcer les capacités de recherche des établissements de la région. Avec son fonds de 4,25 millions de dollars réparti sur quatre ans, ce programme a réussi à pourvoir 14 nouveaux postes de chercheurs dès sa première année, en collaboration avec des institutions académiques comme l’université du Yukon ainsi que plusieurs organismes autochtones.

Le volet «transfert de connaissances» d’ArcticNet comprend plusieurs projets très intéressants. Le projet KUUK-SHIPI-SHIPU («rivière» en inuktitut, naskapi et innu) dirigé par Esther Lévesque de l’Université du Québec à Trois-Rivières vise à transférer les données scientifiques de pointe aux collectivités nordiques. L’équipe de recherche a par exemple développé un nouveau protocole de calcul pour mieux communiquer la teneur en mercure dans les aliments traditionnels, des cartes interactives mettant en valeur les connaissances inuites ainsi qu’une base de données interculturelles pour prédire les conséquences potentielles de l’ouverture d’une mine dans la région.

Le projet «Cartographier le pergélisol» quant à lui, dirigé par William Quinton de l’Université Wilfrid Laurier, fournit aux responsables de la gestion et de la planification des ressources de la région de Dehcho dans les Territoires du Nord-Ouest de précieuses données sur la présence de pergélisol et la prédiction de sa transformation. Affilié à un programme de cartographie par satellite de la NASA, le projet intègre aussi de jeunes autochtones de la région au sein de son équipe pour les former à la recherche.

Enfin, ArcticNet a aussi lancé en 2020 un portail de transfert de connaissances sur l’Arctique nommé ArcticKT Portal. Il s’agit d’une plateforme web dynamique où l’on trouve une grande variété de contenus — études d’impact régionales, synthèses scientifiques et courts vidéos — touchant à chacun des grands thèmes de recherche d’ArcticNet. On peut classer ce contenu par région géographique ou encore par toute une série de mots-clés. ArcticKT offre une plateforme libre d’accès qui rassemble les connaissances scientifiques au bénéfice des résidents du Nord, afin qu’ils et elles puissent prendre des décisions éclairées sur les enjeux qui les préoccupent.