Un texte de Julia Levin
On demande de plus en plus aux chercheuses et aux chercheurs de prouver l’impact de leurs travaux. Mais une fois que vous avez réussi à montrer les applications concrètes de vos recherches, comment faites-vous pour faire ressortir cette information dans votre CV ? Les membres du réseau Integrated Knowledge Translation Research Network (IKTRN) abordent cette question dans une nouvelle étude sur la manière dont les chercheurs et les chercheuses du domaine de la santé font état de leurs activités d’application des connaissances (AC) et de l’impact de ces activités dans leur CV de recherche.
Dans une entrevue menée par IKTRN, Terry Campbell, directrice générale du Service de gestion de la recherche à l’Université d’Ottawa, nous parle des réflexions que cette étude a suscitées chez elle et de son expérience auprès des universitaires qui doivent faire ressortir leur travail de mobilisation des connaissances (MdC) dans leur CV.
L’un des principaux constats rapportés dans l’article est que « selon les participant.e.s, les employeurs n’accordent pas beaucoup de valeur aux activités d’application ni à l’impact de la recherche ». T. Campbell observe que ce n’est guère étonnant, puisque peu d’universités tiennent compte de cet aspect particulier dans leur évaluation de la performance. Elle-même aurait du mal à citer des exemples de chercheurs ou de chercheuses qui rapportent dans leur CV des activités liées à l’application et à l’impact de leurs travaux. En mentionnant les avantages de faire partie du Réseau Impact Recherche Canada (RIRC), dont les membres se font mutuellement connaitre les activités d’AC et de MdC réalisées dans leur établissement, elle revient sur un rapport publié il y a quelques années au sujet du savoir engagé. Ce rapport, qui présentait les activités mises en place par des universités de tout le Canada, ainsi que les différents moyens pris par ces universités pour intégrer le savoir engagé dans leurs méthodes d’évaluation, concluait qu’il n’y a pas beaucoup de reconnaissance officielle dans ce domaine. Bien que les universités commencent à instaurer des mesures de reconnaissance du travail de MdC, il reste encore beaucoup de pain sur la planche.
À la fin de l’entrevue, T. Campbell formule l’une de ses principales préoccupations au sujet du système actuel : « Je crois que l’un des problèmes majeurs avec l’application et la mobilisation des connaissances, c’est que nous ne disposons pas de mesures critériées, d’indicateurs, comme c’est le cas pour les publications savantes, les citations, etc. Parce que nous n’avons pas d’indicateurs de ce genre, à l’heure actuelle, nous n’avons pas d’ensemble de données normalisées auquel nous référer pour évaluer les gens et leurs projets. Ça ne veut pas dire que nous n’en avons pas besoin, remarquez. Si on arrive à cerner ce dont on a besoin comme information et à déterminer les moyens de l’obtenir, on pourra la collecter à l’échelle de l’université, puis la mettre en valeur. Par où commencer ? Je dirais que si vous partez d’une personne qui a assez confiance en elle pour inscrire ce genre d’information dans son CV de recherche, vous êtes dans la bonne direction. »
Pour lire l’entrevue complète avec Terry Campbell, cliquez ici.
Voici la référence de l’article original (en anglais) :
*Boland L, Brosseau L, Caspar S, Graham ID, Hutchinson AM, Kothari A, McNamara K, McInnes E, Angel M, Stacey D. Reporting health research translation and impact in the curriculum vitae: a survey. Implement Sci Commun 1, 20 (2020). https://doi.org/10.1186/s43058-020-00021-9