Prix 2025 pour le savoir engagé (catégorie maîtrise) : Rowan Harris

Rowan Harris est lauréate du Prix 2025 pour le RIRC pour son projet intitulé Comprendre les indicateurs holistiques de la santé des oies dans la région d’Arviat, Nunavut.

À PROPOS DU PROJET

Cette recherche soutient la Société Aqqiumavvik à Arviat, au Nunavut, par le développement d’indicateurs par la communauté pour distinguer les oies en bonne santé des oies malades. L’objectif est d’encourager la récolte et la consommation locales, et de renforcer la souveraineté alimentaire et le respect des pratiques culturelles des Inuits.

Utilisant une approche participative basée sur la communauté, l’étude réunit des aîné.e.s, des chasseur.se.s et des membres de la communauté par le biais de groupes de discussion, de « discussions autour d’une table de cuisine », d’entretiens en personne et d’observations sur le terrain. Ces méthodes sont conçues pour refléter les protocoles culturels de discussion ouverte, de partage des connaissances et de recherche de consensus. Ce faisant, le projet crée un espace de réflexion intergénérationnelle et de prise de décision collective sur ce qui fait la santé d’une oie, sur la manière dont ces connaissances sont appliquées pendant la chasse et la préparation des repas, et sur la manière dont elles peuvent être partagées avec les générations futures.

En documentant ces connaissances et en travaillant avec la communauté pour les valider et les appliquer, les résultats visent à soutenir directement la programmation et les stratégies à long terme d’Aqqiumavvik pour promouvoir la chasse à l’oie en tant qu’élément clé des systèmes alimentaires locaux.

Comment avons-nous fait?

En nous appuyant sur le modèle de recherche Aajiiqatigiingniq.

Nous avons suivi le modèle de recherche Aajiiqatigiingniq, une méthodologie développée par des chercheur.se.s inuits de la Société Aqqiumavvik basée sur quatre principes interdépendants.

Inuuqatigiitsiarniq (respecter les autres et les relations) : Nous avons privilégié les relations en effectuant des visites répétées, en participant à des événements communautaires et en passant du temps sur le terrain et dans les maisons. Il est essentiel d’instaurer la confiance et le respect mutuel

Unikkaaqatigiinniq (raconter des histoires) : Les groupes de discussion et les entretiens ont porté sur la narration en tant que méthode de transfert des connaissances. Ces récits ont révélé une connaissance détaillée par le vécu de la santé des oies et des pratiques de récolte.

Pittiarniq (être bienveillant et bon) : Le processus de recherche a été guidé par l’humilité, l’attention et la réciprocité, en veillant à ce que le travail soit bénéfique pour la communauté à chaque étape.

Aajiiqatigiinniq (prendre des décisions par consensus) : Les membres de la communauté ont participé à la définition de l’orientation du projet, à l’affinement des conclusions et à la détermination des modalités de diffusion des résultats. Ce principe se reflète dans les ateliers de collaboration prévus pour la phase finale de l’analyse.

Poursuivre le dialogue

En retournant à Arviat, j’ai pu partager les résultats de cette recherche directement avec les membres de la communauté et en discuter avec eux pour connaître leurs connaissances et leurs vécus.Ces conversations sont l’occasion de revenir sur ce qui a été partagé, de confirmer l’exactitude des interprétations et de s’assurer que les résultats reflètent l’expérience vécue.

Des discussions continues avec les aîné.e.s, les chasseur.se.s et le personnel de la Société Aqqiumavvik ont permis de déterminer comment les indicateurs de la santé des oies peuvent être utilisés de façon pratique et significative sur le plan culturel. Les participant.e.s ont offert un contexte supplémentaire, des perspectives saisonnières et des réflexions réfléchies qui continuent à façonner la manière dont ces connaissances seront communiquées et appliquées.

Ce processus de validation ne consiste pas seulement à confirmer des résultats. Il s’agit de continuer à nouer des relations, d’approfondir la compréhension et de s’assurer que le travail reste ancré dans les besoins et les priorités de la communauté.

Travail collaboratif

Ce projet s’inscrit également dans le cadre d’une collaboration plus large avec d’autres étudiant.e.s travaillant aux côtés d’Aqqiumavvik pour soutenir la souveraineté alimentaire à Arviat par le biais d’initiatives complémentaires. L’une de ces collaborations est la cocréation d’un livre de cuisine communautaire qui documente les recettes traditionnelles, les méthodes de préparation et les traditions alimentaires. Ensemble, ces efforts soutiennent la transmission intergénérationnelle des connaissances et créent des outils pratiques qui reflètent la richesse et la diversité des systèmes alimentaires inuits.

Prochaines étapes

Pour que les résultats de la recherche soient accessibles et utiles, je travaille avec un artiste local d’Arviat qui développe une série d’infographies qui illustrent les indicateurs de santé de l’oie cernés par la communauté. Ces visuels intégreront les connaissances, les enseignements et les leçons pratiques des Inuits partagés au cours de la recherche et sont destinés à soutenir à la fois l’apprentissage et l’application au cours de la chasse de printemps.

Parallèlement aux infographies, j’examinerai les indicateurs utilisés dans le cadre de la surveillance scientifique basé sur les méthodes occidentales afin de les comparer à ceux cernés grâce au savoir inuit. Cette comparaison permettra de mettre en évidence les domaines de chevauchement, de divergence et de complémentarité entre les deux systèmes, ce qui contribuera à l’élaboration d’approches plus inclusives et plus pertinentes au niveau local en matière de surveillance de la santé de l’oie.

Rien de tout cela ne serait possible sans les personnes qui ont partagé leur temps, leur expérience et leurs connaissances avec tant de générosité. Je suis reconnaissante d’apprendre à leur côté et je suis impatiente de voir comment ce travail peut soutenir les programmes communautaires, guider les jeunes chasseur.se.s et mener à d’autres discussions sur la souveraineté alimentaire. Pour en savoir plus ou rester connecté, écrivez à harrir44@mcmaster.ca. Vous pouvez également visiter le site Straight Up North pour suivre nos efforts, ou en savoir plus sur le travail de Société Aqqiumavvik.


À PROPOS DE LA LAURÉATE

Rowan Harris est étudiante à la maîtrise en géographie à l’Université McMaster. Ses recherches portent sur la surveillance de la santé des oies par la communauté afin de soutenir la souveraineté alimentaire des Inuits à Arviat, au Nunavut. Elle travaille en partenariat avec la Société Aqqiumavvik et sous la supervision des docteurs Gita Ljubicic et Dominique Henri, dans le cadre d’un effort plus large visant à soutenir les systèmes alimentaires inuits par le biais d’une recherche menée par la communauté. Elle a présenté ses travaux lors de conférences telles qu’ArcticNet et s’est engagée à mener des recherches collaboratives basées sur les relations qui soutiennent la conservation menée par les Autochtones et l’intendance des terres à long terme. Elle est titulaire d’un baccalauréat en biologie de l’Université de Colombie-Britannique et s’intéresse de près à l’ancrage de la recherche environnementale dans les systèmes de connaissances autochtones.

Avant d’entamer sa maîtrise, Rowan a travaillé comme assistante de recherche dans les communautés de Pond Inlet et d’Arctic Bay, soutenant la recherche menée par la communauté et les préparatifs d’une audience publique sur les impacts du transport maritime sur les mammifères marins du point de vue des Inuits. Elle a contribué à la rédaction de plusieurs rapports produits dans le cadre du projet.

En dehors du monde universitaire, Rowan est gardienne de but dans l’équipe nationale canadienne de hockey sur gazon et dirige des programmes de hockey sur gazon dans les communautés nordiques afin d’améliorer l’accès au sport. Elle espère que son travail contribuera à des approches plus éthiques, inclusives et significatives au niveau local dans la recherche environnementale au Canada.