David Phipps, Université York
Sur son compte @mobilemobilizer, David Phipps partage ses réflexions sur l’usage qu’il fait des médias sociaux pendant ses déplacements ou, plus récemment, sur son réseau international dans le domaine de l’impact de la recherche. Dans un monde qui fait la pause à cause de la COVID-19, ce mobilisateur immobilisé n’en demeure pas moins actif, parce que la nécessité de transformer la recherche en action n’a jamais été plus urgente.
Hé bien, ça y est, j’y suis. Assis dans mon bureau (nom officiel : salle à manger), en train de convaincre le chat (signe distinctif : agressivement affectueux) de descendre de mes genoux et de s’installer sur la chaise d’à-côté. Ç’a pris 7 jours entiers de planif en mode urgence pour mettre la division VP Recherche et innovation de l’Université York sur les rails du télétravail, où nous resterons jusqu’à ce que cette crise soit passée.
Cette crise, justement, souligne bien l’importance du travail que nous faisons en mobilisant les connaissances. Les IRS ont financé, à une vitesse proprement hallucinante (des soumissions à la révision par les pairs aux réponses en un mois, plus ou moins), des projets de recherche sur la COVID-19, leur fournissant la somme presque aussi hallucinante de 52,6 M$. Puis, le 11 mars, le gouvernement Trudeau annonçait 275 M$ supplémentaires pour appuyer la recherche sur les antiviraux et les nouveaux vaccins et les essais cliniques.
Deux éléments de la mobilisation des connaissances doivent étayer ces travaux de recherche :
- Les partenariats doivent se nouer très tôt, pour éviter d’avoir à transférer les résultats aux utilisateurs (industrie, gouvernement, collectivité) ; ceux-ci doivent participer au processus en cocréation, de manière à ce que les résultats soient pris en compte immédiatement dans leurs nouveaux produits, leurs politiques et leurs services. Comme Bowen et Graham l’observaient en 2013, l’absence de connexion entre le savoir et l’action n’est pas un échec du transfert des connaissances, mais bien de sa production. Donc : engagez-vous activement dans la recherche communautaire et réalisez vos activités de recherche avec des partenaires qui vont se servir des résultats.
- Vos travaux – j’insiste là-dessus, car c’est plus important que jamais – ne doivent pas dormir dans les publications avec comité de lecture. En fait, ils ne devraient même pas attendre la révision par les pairs. Il faut rendre les résultats de recherche immédiatement disponibles, dans des formats ouverts, aux personnes qui sont en mesure de produire leur propre évaluation scientifique, à partir d’un portail comme Emerald Open Research, par exemple, qui publie en quelques jours des manuscrits en attente d’évaluation.
Plus que jamais, les établissements doivent connecter les chercheurs et leurs travaux aux intervenants capables d’utiliser les résultats sans délai pour répondre aux besoins des communautés locales et mondiales.
(Je ne suis peut-être plus mobile, mais je mobilise toujours !)