2023 lauréate du Prix pour le savoir engagé du Réseau Impact Recherche Canada (catégorie maîtrise) : Vida Forouhar

Vida Forouhar a reçu le Prix pour le savoir engagé du Réseau Impact Recherche Canada 2023 pour son projet, « Biais de poids : Tendances de la population canadienne et liens avec l’activité physique et le comportement sédentaire ».

À propos du projet

La discrimination fondée sur le poids est un problème de justice sociale répandu dans le monde entier. Au Canada, la discrimination fondée sur le poids arrive au deuxième rang en ce qui a trait aux formes de discrimination les plus courantes. Elle est omniprésente dans toutes les sphères de la société. Cette forme de discrimination consiste en des attitudes et des croyances négatives à l’égard de personnes en raison de leur poids (appelé préjugé explicite fondé sur le poids) ou en de fausses idées sur les causes de l’obésité. Ce genre de préjugés découle de stéréotypes généralement acceptés dans la société selon lesquels les personnes en surpoids ou obèses sont paresseuses, idiotes et incompétentes, et qu’elles manquent de volonté. Ces attitudes négatives contribuent à la stigmatisation des personnes ayant un corps plus gros (soit la stigmatisation liée au poids), ce qui isole et dégrade encore plus cette population. Les personnes souffrant de surpoids et d’obésité sont victimes d’actes de discrimination comme du harcèlement verbal ou des crimes haineux, d’inégalité des chances en matière d’emploi, de brimades ou de taquineries fondées sur le poids sur le lieu de travail et dans les établissements d’enseignement, et de traitements inappropriés de la part des professionnel.le.s de la santé. Chez les personnes visées par de tels préjugés sur le poids, que ce soit lors de rencontres avec d’autres personnes ou par l’intériorisation de ces préjugés, on observe de nombreuses conséquences négatives sur la santé mentale et physique, telles que la dépression et l’anxiété, la détresse psychologique, une mauvaise image corporelle, l’hyperphagie et les troubles de l’alimentation. Cela peut donner lieu au développement de stratégies d’évitement ou d’adaptation, comme le fait d’éviter les rendez-vous de routine, les comportements malsains de contrôle du poids, l’absence d’activité physique et l’autostigmatisation par la honte et la culpabilité. Il est impératif de lutter contre le dénigrement constant dont font l’objet les personnes souffrant de surpoids et d’obésité en défendant leurs droits fondamentaux à l’éducation, à l’emploi et aux soins de santé. Mais pour aborder ce problème, il faut d’abord comprendre comment les préjugés sur le poids se manifestent au sein de la population canadienne.

Pour son projet de thèse de maîtrise, Vida a mené une étude en deux parties dans laquelle elle a mesuré les attitudes liées au poids chez un large échantillon d’adultes canadien.ne.s, puis examiné s’il existe un lien entre ces attitudes et l’activité physique et le comportement sédentaire. Plus précisément, ce projet de recherche porte sur les croyances associées aux causes de l’obésité et aux attitudes négatives des personnes perçues comme ayant un surplus de poids (préjugé explicite à l’égard du poids), ainsi que sur la mesure dans laquelle ces personnes intériorisent les attitudes négatives (intériorisation du préjugé à l’égard du poids). Les résultats ont montré que les Canadien.ne.s intériorisent dans une certaine mesure les préjugés sur le poids et qu’ils associent l’obésité principalement à des facteurs comportementaux plutôt qu’à des facteurs physiologiques, psychosociaux et environnementaux. Vida a également constaté que les personnes qui attribuent l’obésité principalement à des facteurs comportementaux ont une attitude plus négative à l’égard des personnes atteintes d’obésité. Enfin, il semble que les Canadien.ne.s qui dénigrent ouvertement les personnes obèses consacrent plus de temps à une activité physique vigoureuse sur une base hebdomadaire, alors que celles qui craignent de prendre du poids y consacrent moins de temps. L’une des conclusions les plus intéressantes est que les individus, quel que soit leur poids, qui passent plus d’heures par semaine en mode sédentaire sont aussi ceux qui intériorisent davantage les attitudes négatives liées à leur poids.

Les résultats de l’étude de Vida montrent que les préjugés sur le poids posent un enjeu de justice sociale et que de nombreuses personnes, quel que soit leur poids, sont affectées par le danger de l’intériorisation ou de la stigmatisation associées aux attitudes négatives de la société à l’égard du poids. Le but du projet de Vida est de démontrer l’importance qu’occupent les préjugés sur le poids chez la population canadienne et de mettre en évidence les liens entre ces préjugés et certains comportements de santé. Le projet vient également combler d’importantes lacunes dans le domaine des préjugés, de la stigmatisation et de la discrimination liés au poids. Il s’agit en effet de la première étude qui mesure de telles attitudes chez la population canadienne en général et de la première étude qui explore la relation entre l’intériorisation des préjugés liés au poids et le comportement sédentaire dans un échantillon représentatif de presque toutes les catégories de poids.

L’objectif ultime de ce projet de recherche est de combattre les préjugés sur le poids et l’intériorisation des préjugés sur le poids au Canada, ainsi que de souligner l’importance de sensibiliser le public sur la complexité de l’enjeu de l’obésité en tant que maladie chronique et sur les dangers de ces préjugés. Vida espère atteindre cet objectif en poursuivant ses recherches qu’elle mène actuellement en tant que coordinatrice de la recherche au Laboratoire interdisciplinaire sur l’obésité et la santé de Montréal.


À propos de la lauréate

En août 2022, Vida a obtenu une maîtrise en sciences de la santé et de l’exercice de l’Université Concordia, à Montréal. Elle travaille actuellement comme coordonnatrice de la recherche au Laboratoire interdisciplinaire sur l’obésité et la santé (MILOH Lab) à l’Université Concordia, à Montréal. Les recherches de Vida portent sur les préjugés, la stigmatisation et la discrimination liés au poids, en particulier en ce qui a trait aux comportements de santé tels que l’activité physique et la sédentarité. Elle cherche à comprendre comment les préjugés sur le poids se manifestent dans la population en général et comment les efforts de lutte contre les préjugés sur le poids et les programmes d’acceptation du corps peuvent être utilisés pour promouvoir des changements à long terme en matière d’activité physique et de sédentarité. Actuellement, Vida travaille sur un projet qui vise à combler les enjeux de communication entre les femmes enceintes et les prestataires de soins prénataux sur des sujets sensibles, comme la prise de poids ou le diabète gestationnel, pendant la grossesse. En dehors de ses propres recherches, Vida s’intéresse généralement à la santé publique et à l’épidémiologie, ainsi qu’à la recherche sur les facteurs sociaux de la santé.