Prix 2024 pour le savoir engagé (catégorie doctorat) : Dina Idriss-Wheeler

Dina Idriss-Wheeler a reçu le Prix 2024 pour le savoir engagé du Réseau Impact Recherche Canada pour son projet intitulé Exploration de la violence entre partenaires intimes (VPI) et de l’accès aux services en Ontario dans la période entre le confinement pandémique et le retour à la normale : Perspectives des survivant.e.s de VPI et des prestataires de services

À PROPOS DU PROJET

Dans le cadre de ce projet, nous explorons les expériences vécues par les survivant.e.s de violence entre partenaires intimes (VPI) pendant les confinements liés à la COVID-19 et la phase de rétablissement qui a suivi en Ontario, en nous concentrant sur les expériences des survivant.e.s et les efforts de sensibilisation des prestataires de services. Les principales caractéristiques de l’étude sont les suivantes :

  1. Comprendre les processus de prestation de services sociaux et de santé, et d’accès à ces services pendant les confinements liés à la COVID-19 et la phase de rétablissement qui a suivi
  2. Cerner les facteurs qui améliorent l’accès à ces services et ceux qui y nuisent.
  3. Examiner les facteurs associés à l’expérience de VPI, à l’accès aux services et à la perception de l’état de santé pendant et après la pandémie, en se concentrant sur les sous-groupes exposés à un risque accru de VPI (c’est-à-dire les immigrant.e.s et les réfugié.e.s, les populations en zones rurales et isolées)

Nous avons utilisé une méthodologie mixte pour comprendre les expériences vécues à la fois par les prestataires de services liés à la violence envers les femmes (VF) et par les survivant.e.s de VPI. Recueilles lors d’entretiens auprès de prestataires de services liés à la VF et de survivant.e.s de VPI, les données qualitatives mettent en évidence les perspectives de ces deux groupes en ce qui a trait à l’accès aux services pendant et après la pandémie. D’autres données quantitatives, recueillies au moyen d’un sondage, permettent pour leur part d’explorer les facteurs associés à l’expérience de la VPI pendant les confinements de la COVID-19 en Ontario, en examinant spécifiquement (1) l’accès aux services de soutien par les survivant.e.s de la VPI et (2) les répercussions sur leur santé. Ces travaux permettent de nous préparer pour de futures catastrophes et situations d’urgence, et proposent des résultats pour soutenir les efforts de sensibilisation dans le secteur de la VF.

En partenariat avec l’Ontario Association of Interval and Transitional Houses (OAITH), cette recherche est ancrée dans les méthodologies de recherche communautaire depuis son lancement en 2020. L’OAITH fournit une perspective inestimable, qui a contribué et contribue à la conceptualisation du projet, au développement des outils, au recrutement continu des participant.e.s et aux activités de diffusion des connaissances. C’est sans compter la valeur inestimable apportée par le comité consultatif de projet (CCP), formé entre autres de l’OAITH, des prestataires de services et des survivant.e.s de VPI. Les contributions de Marlene Ham (directrice générale, OAITH) et de Lauren Hancock (coordinatrice de la politique et de la recherche, OAITH) au CCP sont essentielles et constituent les éléments fondamentaux de cet effort de collaboration. Le CCP a joué un rôle essentiel en offrant des points de vue clés, en soulignant les préoccupations et en contribuant à l’atténuation des risques tout au long du cycle de vie du projet, du point de vue du secteur de la VF et de la communauté de victimes de VPI. Nos activités de diffusion des connaissances comportent plusieurs facettes, notamment des présentations auprès des communautés et des secteurs, des infographies, des fiches d’information, des webinaires et des rapports, ainsi que des articles et communications scientifiques. Cela garantit une large diffusion des résultats des projets au-delà du monde universitaire traditionnel et en consultation avec la communauté. 

Les principes du savoir engagé sont au cœur de tous les aspects de notre recherche. Tout comme la réciprocité, qui a d’ailleurs été soulignée par l’obtention d’une Subvention d’engagement partenarial 2023-2024 du CRSH. Cette subvention a soutenu nos activités de recherche et de diffusion des connaissances dans le cadre de ce projet. En nous alignant étroitement sur les besoins de l’OAITH et de la communauté des victimes de VPI, nous nous assurons que nos activités sont pertinentes et servent efficacement la communauté. Nous adhérons aux principes de démocratisation des connaissances et, dans ce sens, nous diffusons de nouvelles idées par le biais de divers canaux, nous créons des partenaires et nous consultons des parties prenantes.

Cette expérience a mis en évidence l’importance d’un engagement significatif dans la recherche, et a permis de tirer trois leçons essentielles. Tout d’abord, pour être en mesure d’apporter un changement significatif, il faut établir un partenariat significatif, basé sur le respect mutuel et une vision partagée, allant au-delà d’une simple interaction transactionnelle. L’engagement humain et social est essentiel. Deuxièmement, la recherche au sein de la communauté doit véritablement refléter et intégrer les besoins de la communauté dès le départ, ce qui conduit à des résultats élaborés en collaboration et directement bénéfiques. Cela implique une appropriation partagée des résultats de la recherche et un engagement durable pour que la recherche serve de catalyseur à la sensibilisation et au changement de la communauté. Enfin, le système universitaire traditionnel, qui donne souvent la priorité à des mesures telles que les publications et les subventions, peut entrer en conflit avec la nature collaborative et chronophage du savoir engagé et des approches d’engagement communautaire. Ces approches requièrent de la flexibilité, de l’adaptabilité et une focalisation sur les impacts à long terme, ce qui ne correspond pas toujours aux calendriers structurés et axés sur les résultats qui sont généralement récompensés dans le cadre universitaire. 


À PROPOS DE LA LAURÉATE

Dina Idriss-Wheeler est candidate au doctorat en santé des populations à l’Université d’Ottawa. Elle étudie les facteurs sociaux, politiques et économiques qui influencent l’accès aux services de santé pour les communautés mal desservies et à risque, en mettant l’accent sur la promotion de l’équité en matière de santé. S’inscrivant dans une perspective de justice sociale et de droits de l’homme, la thèse de Dina porte sur les disparités en matière d’accès à la santé et sur les conséquences de VPI pendant et après la COVID-19 en Ontario, au Canada. Dans le contexte de son travail auprès de la Croix-Rouge canadienne (CRC), Dina a été doctorante boursière 2022-2023 du Programme de bourses d’impact sur le système de santé des Instituts de recherche en santé du Canada. Elle a travaillé dans les unités de programmation de la santé dans les soins de longue durée et de développement de la recherche en matière d’intelligence sanitaire. Son travail s’est appuyé sur les enseignements tirés de 15 années d’expérience comme agente de santé communautaire pour la CRC en Afrique. Employé de McMaster depuis plus de 13 ans, Dina possède une vaste expérience des méthodes de recherche, des programmes éducatifs et de la gestion de projets.